De l’autre bord de la Perle des
Antilles, les livres paient pour leurs auteurs et non les auteurs qui
acquittent de leurs livres. C’est le cas à Santiago, deuxième ville de
la République dominicaine, où les livres de l’écrivain et Prix Nobel de
Littérature Mario Vargas Llosa, étaient l’objet de vengeance : Brûler
les livres jusqu’aux charbons, c’est juste une réponse donnée à Vargas,
suite à son article publié contre la résolution du Tribunal
Constitutionnel dominicain qui dépouille la nationalité dominicaine aux
dominicains d´origine étrangère, spécialement
haïtienne.
Juste un mot comme tant d’autres mots
pour élargir les plaies, quand l’écrivain victime de la République
Pyromane, a déclaré dans son texte que la décision du TC est de
caractère Naziste. Le miroir des singes est grand quand l´histoire
répète l’histoire. En 1930 á 1945 les Nazis ont brûlé les livres
d´auteurs juifs et en 2013, plus précisément le 13 novembre, quelques
nationalistes dominicains incinèrent ceux de Vargas. Comme les cendres
sont insuffisantes pour étancher leur colère patriotique, ils ont
déclaré Persona Non Grata à l´homme de plume et son fils. Si l´auteur
est Grata pour le Globe, il ne l´est plus pour la République
dominicaine, malgré sa riche biographie.
Mario Vargas Llosa est né Arequipa,
Pérou, le 28 Mars 1936 ; écrivain péruvien qui depuis 1993 possède
également la nationalité espagnole. L’un des romanciers et essayistes
contemporains qui se trouvent sur la cime des Belles Lettres. Sa
consistante trajectoire lui a valu de nombreux prix, parmi lesquels : le
Prix Nobel de Littérature 2010, le Prince des Asturies des Lettres en
1986, entre autres. Depuis 2011, il a reçu le traitement protocolaire
du Seigneur Très Illustre pour être Marquis. Dans son catalogue on peut
citer quelques œuvres : El Héroe Discreto (2013), El Sueño del Celta
(2010), La Fiesta del Chivo (2000), Pantaleón y las Visitadoras (1973),
Conversación en La Catedral (1969), Casa Verde (1965), La Ciudad y los
Perros (1963), Los Jefes (1959) et autres.
Son roman La Fiesta Del Chivo (La fête
du Cabris) relate les faits réels du régime dictatorial de Rafael
Leonidas Trujillo, père de l’Antihaitinisme en République voisine;
c’est l’une des œuvres adaptée et mise au septième art.
Si la persécution voyage de très loin et
de très haut pour pulluler des victimes d´outres mers, quel avenir
pour les écrivains qui habitent dans la bouche du lion ou á rebord,
prétendant dénoncer les injustices faites aux faibles ? Taisez l’encre !
Dans cette optique plutôt collective qu´une culte à la personnalité,
on se souvient d´un paragraphe de la préface de Renald Luberice, d´un
bouquin de poésie titré Orgasme de ma Voix. L’auteur est le digne
héritier de cette terre de poètes perdus. Terre d’ancêtres perdus, terre
d’ancêtres pendus. Terre perdue dans la mer des caraïbes, ancêtres et
poètes perdus dans les vagues nauséabondes du commerce triangulaire.
Il n’y pas de grande différence entre la
mort d’un être et les cendres d’un livre. Les africains disent souvent
qu’un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle. Ce poète
allemand (1797-1856), lui même n’y va pas à quatre chemin, disant que : "
là où on brûle les livres, on arrive par brûler aussi les êtres
vivants " (Heinrich Heine).
Marckenson Jean-Baptiste
Source : RTVC
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